THÉÂTRE D’OBJET AVEC LA CIE NANOUA
Le cycle spécialisé en théâtre a eu la chance de découvrir et travailler le théâtre d’objet sous la supervision de Fanny Bérard de la CIE Nanoua.
Elle est intervenue auprès des élèves le jeudi 7 décembre et le vendredi 8 décembre.
Alors, est-ce que tu pourrais me présenter la compagnie en quelques mots ?
Donc la compagnie Nanoua travaille autour du récit et du théâtre d’objets.
C’est une compagnie qui a 10 ans, qui est implantée au Pays Basque, à Bayonne. Nous défendons un art vivant, populaire et poétique, exigeant artistiquement et proche des gens. On crée des spectacles pour interroger les gens sur leurs relations au monde, sur leur rapport aux peurs, aux frontières intérieures, sur comment on peut gigoter un peu les certitudes et ravitailler l’appétit de vie et d’audaces. On crée des spectacles en salle, en tout terrain, mais l’espace de jeu favori c’est l’espace public. Ces spectacles s’adressent à tous les publics, pour adultes et ados, et certains spectacles sont vraiment destinés aux jeunes publics ou aux très jeunes publics. On travaille avec de nombreux réseaux, comme le réseau rue, réseau théâtre de marionnettes, réseaux jeunes publics, et puis on aime bien vraiment cousiner l’art et le social, et voir comment le théâtre est vraiment un facteur de cohésion poétique, de rassemblement, de questionnement et de mixité.
Et du coup, pourquoi le théâtre d’objets ? Et qu’est-ce que c’est ?
Alors le théâtre d’objets, c’est un théâtre qui se raconte avec ce que les objets peuvent évoquer ou symboliser, qui peut être différent selon chacun ou chacune. Pour moi, c’est un art vivant que j’aime beaucoup parce que c’est très populaire et en même temps, c’est très exigeant dans la recherche et dans la poésie singulière que peut avoir chaque créateur, chaque fabricant d’imaginaire. Tu vas prendre un moulin à un café pour parler d’une histoire en lien avec ta grand-mère. Tu vas prendre, je ne sais pas, une bouteille de champagne pour parler du pétillant de la vie. Un réveil, pour parler du rapport au temps.
Et en fait, ces objets du quotidien, ils sont reconnus par tout le monde. Et chacun avec sa poésie, va pouvoir l’emmener à un autre endroit. Et c’est ça que j’aime, une approche à la fois populaire et exigeante artistiquement. C’est une discipline qui ouvre plein d’imaginaires.
C’est vraiment un théâtre d’images qui est très riche.
Et tu utilises quoi comme méthodologie avec les élèves en cycle spécialisé du Conservatoire que tu rencontres aujourd’hui ? Pour travailler justement ce théâtre d’objets ?
Alors moi, je ne suis pas très méthodologie.
J’aborde le théâtre d’objets à travers une base de théâtre, de corps, d’ancrage dans l’espace, dans le présent. Je travaille beaucoup sur la sincérité, sur l’intime, sur le rapport au présent et sur le fait de vraiment casser un peu cette image du théâtre qui se regarde jouer, qui se la raconte…
J’invite les élèves dans un univers assez convivial, joyeux et déconnant pour lâcher prise. Ça passe en effet par des exercices collectifs. Et puis, petit à petit, on va aussi vers des fabrications de séquences à deux. Demain, on va plus travailler le solo, travailler à se faire confiance et à oser plonger dans des univers qu’ils ne connaissent pas forcément. Une occasion de tester comment l’objet va résonner et assumer le fait qu’ils ont une singularité créatrice.